SUR LE PARVIS DE L'HÔTEL DE VILLE

Nord Littoral, le Mardi 9 Mai 2000

Des milliers de personnes sont massées sur le parvis de l'hôtel de ville. Rouge, noir, jaune, les vagues se déchaînent en attendant l'arrivée des joueurs. Pendant que les élus jouent des épaules pour se faire une place sur le balcon, la foule s'impatiente. Des familles entières se sont déplacées. Les poussettes se taillent la route tant bien que mal dans la masse compacte. Marie-Louise et ses crans argentes avoue avoir séché discrètement une larme d'un revers de main, hier, au coup de sifflet final.    

« On est venus les féliciter lance Jacques. On est heureux d'être là, de les accompagner. Hier, j'étais à Paris. Des arbitres comme ça, J'en ponds tous les matins. Pour moi c'est du sport, mais pour nos gamins, c'est malheureux ».« Vous êtes géniaux, formidables. Les clubs de D1 ont des questions à se poser » crie Gilles Hamez. Les joueurs ne sont toujours pas arrivés. II paraît qu ils signent des autographes au péage. « Ils nous ont remonté le moral » crie une dame. « Je suis simplement venue les féliciter pour ce qu'ils ont fait. Ils sont allés jusqu'au bout » lance Yolande Lenoir. « On était chez nous hier, merci » s'écrie Gauthier, perché sur le capot d'une voiture. Son copain Emmanuel se prend à rêver : « Nous on est de la JUV, ils nous ont acheté 10 MF » Steve rebondit :   « On voudrait devenir professionnel pour être connu, pour qu'on nous aime... » Nous leur donnons rendez-vous dans 10 ans sur le même parvis. Les chants se succèdent. On se relaie au balcon pour attiser la flamme, si encore elle avait besoin de l'être. C'est comme un grand hommage, un immense merci qui monte au ciel. Les yeux sont tous braqués sur ce balcon, désespérément vide et qui donne des frissons au ventre... Réginald Becque pointe sa frimousse de temps à autre. Les champions sont annoncés. Dans la foule, les corps se tendent, les yeux se fixent. On retient son souffle. Les élus jouent à une partie de cache-cache sur le balcon, pour leur faire la place Ils passeront par ici, ou par là... les voilà.


La voie royale


C'est comme un chant glorieux qui monte au balcon et qui atteint les joueurs. La mer est déchaînée. Denise ne peut retenir une larme, voire deux. Elle n'est pas une mordue de foot, mais elle veut marquer sa gratitude pour ses moments de bonheur qu'on lui a offerts. Elle crie merci. La communion est totale entre les hommes et leurs supporters. Même les plus jeunes enfants ont des yeux ébahis. Ils sentent qu'il se passe quelque chose d'inhabituel. Comme si une certaine voie royale s'était ouverte, celle du coeur.

« Merci », le mot le plus scandé par la foule

LES JEUNES AU RENDEZ-VOUS

La victoire du regard


Rassemblés devant la mairie, petits et grands ont tenus à venir accueillir les calaisiens en héros. Pour beaucoup de parents, il était important de montrer à leurs enfants combien l'événement était historique, même dans la défaite.

      
« Allez Calais, tes supporters sont là ! »


Confortablement assis sur les épaules de leur papa, les enfants, qui avaient souvent les plus belles places, avaient eux aussi leurs écharpes, leur maquillage et leurs mots à dire. Reprenant pour la plupart les rengaines connues, ils étaient nombreux devant l'Hôtel de ville à avoir accompagné leur parent pour savourer l'instant de gloire de leur équipe fétiche. D'autres, haut comme trois pommes préféraient jouer à cache cache ou manger des glaces. Mais qu'importe. Pour tous les Jules, Aurélien, Clément, Florentin, Honorine, Sandra Léa et Kelly, le principal était de pouvoir eux aussi de participer à la fête. Eux qui n'avaient souvent vécu le match que depuis leur écran de télévision.

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